Les espèces du Sanctuaire Agoa
Une vingtaine d’espèces de cétacés fréquentent les eaux du Sanctuaire Agoa. Cela représente 1/3 du nombre d'espèces dans le monde ! Certaines sont résidentes comme le dauphin tacheté pantropical (Stenella attenuata), d’autres viennent dans nos eaux chaudes une partie de l'année pour s’y reproduire comme la baleine à bosse (Megaptera novaeangliae).
Les cétacés sont des mammifères marins, cela signifie qu’ils allaitent leur petits, comme nous, les humains.
On distingue deux sous-ordres de cétacés qui sont les odontocètes, ceux qui ont des dents (comme les dauphins), et les mysticètes qui ont des fanons (comme la baleine à bosse), sorte de filtre permettant de se nourrir de toute petites proies.
On peut les différencier grâces aux évents situés sur le dessus de leur tête et qui leur permettent de respirer. Les odontocètes possèdent un évent simple (une seule narine) alors que les mysticètes ont un évent double (deux narines). Le souffle que l’on observe en surface correspond à l’expulsion d’air lors des remontées après une apnée.
Vous pouvez voir la différence entre un évent simple et un évent double sur les photos ci-contre.
Zoom sur... l'écholocalisation
Le super pouvoir des cétacés à dents
Les odontocètes ont développé une capacité particulière commune à certains animaux terrestres vivant dans le noir comme les chauves-souris : c’est l’écholocalisation.
Il s’agit d’un moyen de localisation des obstacles et des proies grâce à l’émission d’ondes sonores inaudibles par les humains, les ultrasons. Ces ondes sont émises par de petites cavités résonnantes, puis concentrées et dirigées par le melon (la bosse sur leur tête). Les ondes vont heurter tous les obstacles (le relief environnant et les autres animaux) et être renvoyées sous forme d’un écho reçu dans les os de leur mâchoire, puis transmises au cerveau qui les analyse. Le cétacé va ainsi pouvoir obtenir la position et la distance d’un obstacle et identifier une proie et connaitre sa vitesse de déplacement (en fonction du nombre, de l’intensité et de la rapidité des échos reçus en retour). L’écholocalisation permet donc aux cétacés de compléter les informations visuelles en fournissant une véritable carte en 3D de leur environnement.
L’Homme aussi utilise ce système d’écholocalisation sur les bateaux (le radar) mais aussi en imagerie médicale (l’échographie).
Ecoutez Magali qui explique le fonctionnement de l'écholocalisation et comment les cétacés l'utilisent.
Voici tour à tour des clics d'écholocalisation de Globicéphales, de Grand cachalot, de Grand dauphin et de Dauphin tacheté pantropical.
Les rôles écologiques des cétacés
Les cétacés sont présents dans tous les océans, des zones côtières jusqu'aux grands fonds marins. Selon leur taille, leur stratégie d'alimentation, ou encore leurs déplacements, ils vont exercer des rôles écologiques importants.
- Les baleines agissent comme une pompe qui remet en circulation la matière organique nourricière issue des proies englouties dans les profondeurs et rendue accessible au microplancton via leur fèces. Cette matière riche en phosphate (700 fois plus que dans l'eau de mer) et en azote est essentielle à la production primaire de l’écosystème marin. Elle permet d’alimenter le phytoplancton qui a la particularité de produire 50% de l’oxygène de la planète, mais aussi d’absorber 40 % du CO2 produit.
- De plus, les baleines se nourrissent dans certaines zones puis migrent dans d’autres pour se reproduire ou mettre bas. Cette migration contribue à la circulation géographique de ces nutriments indispensables aux micro-organismes.
- En se nourrissant du plancton, les cétacés accumulent du CO2 dans leur corps tout au long de leur vie. Le CO2 va y être transformé et lorsqu'elles meurent et que leurs dépouilles redescendent dans les fonds marins, non seulement elles nourrissent les animaux nécrophages qui y vivent, mais surtout elles emportent au fond le CO2 qui y sédimente. Le potentiel des cétacés à séquestrer du carbone avant le déclin de leurs populations équivalait à une surface forestière supérieure à celle de l'Argentine. L'exploitation des cétacés par l'Homme a réduit ce potentiel de 96%. Travailler à la préservation de ces animaux et ne plus les chasser contribue à maintenir le carbone dans les océans et ne plus le relarguer dans l’atmosphère.
Selon une étude menée par le Fonds monétaire international et la Great Whale Conservancy :
quand une baleine meurt et sombre au fond de l’océan, elle piège 33 tonnes de CO2 en moyenne, supprimant ce carbone de l’atmosphère pendant des siècles.
- Les mammifères marins sont en haut de la chaine alimentaire. En se nourrissant, ces super-prédateurs régulent les populations d'espèces plus petites. Sans eux, certaines espèces se développeraient rapidement au détriment d'autres animaux et de végétaux. Tout l'écosystème pourrait être chamboulé et cela pourrait mener à la disparition des uns ou des autres.
- On considère les baleines, et plus généralement les cétacés, comme des sentinelles, des indicateurs de la santé des milieux marins car ils sont présents dans tous les océans, des zones côtières jusqu’aux grands fonds marins. Un déclin de leur population peut être révélateur d'une dégradation de leur écosystème. Par exemple, une population quittant une zone d'alimentation qu'elle fréquente habituellement nous fera nous questionner sur l'état de ses stocks de poisson (Pratique-t-on la pêche intensive dans cette zone ? Un autre prédateur est-il venu en concurrence ?). Une maladie développée à l'échelle d'une population pourrait être la conséquence d'une pollution du milieu ; un abandon d'une zone de reproduction, la conséquence de nuisances.
- On dit également que les cétacés sont des espèces parapluie. En les protégeant, on n'assure pas seulement le maintien de leurs populations, mais aussi la préservation des autres espèces qui dépendent du même écosystème.
Zoom sur... l'évolution des cétacés, de la terre à la mer.
Avant d'être dans l'eau, les cétacés vivaient sur la terre ferme. Etienne vous fait découvrir à quoi ils ressemblaient et comment ils ont rejoint l'océan.
Des espèces emblématiques disparues
Auparavant, les Antilles françaises comptaient des cétacés mais aussi d’autres mammifères marins aujourd’hui disparus. Il s’agit du Lamantin des Caraïbes (Trichechus manatus manatus) et du Phoque moine des Caraïbes (Monachus tropicalis). Seuls les cétacés sont encore présents dans nos eaux.
Magali explique les raisons de l'extinction du phoque moine des Caraïbes et du lamentin des Caraïbes.
Lamentin des Caraïbes
Classé vulnérable au niveau mondial, il est considéré comme disparu des Antilles françaises depuis 1988. Il a été victime de l’expansion humaine qui a réduit son habitat et généré des blessures (hélices de bateau, filet de pêche…). Il a été chassé et victime des pollutions humaines.
Phoque moine des Caraïbes
Classé comme disparu depuis 2008, son extinction a été causée par la chasse au XVIIIe et XIXe siècles. Sa graisse était très prisée pour la fabrication de produits dérivés. La surpêche fut également une cause de sa disparition.
Zoom sur... la Liste rouge des espèces menacées
Solène explique l'intérêt de la Liste rouge de l'UICN et parle des espèces menacées des Antilles françaises.
Pour en savoir plus sur la Liste rouge de l'UICN, consultez la documentation ci-dessous.
La Liste rouge des espèces menacées
Qu'est ce que la Liste rouge de l'UICN et à quoi sert-elle ?