La Liste rouge des espèces menacées

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juin 2021

Outil de référence en conservation, la Liste rouge est un système d’évaluation qui recense toutes les connaissances actuelles sur les espèces animales et végétales, les services écosystémiques qu’elles rendent, les menaces qu’elles subissent et les mesures de conservation dont elles bénéficient.

C’est la source d’information la plus complète sur les espèces et leur état de conservation à l’échelle mondiale. Chacune d’entre elles est catégorisée selon son état de santé et son risque d’extinction. Avec une volonté d’évaluer toutes les espèces, menacées ou non, la Liste Rouge se pose comme un baromètre du vivant car elle permet d’indiquer où sont les urgences et quelles menaces pèsent sur la biodiversité afin d’orienter les actions prioritaires de conservation. Cet outil permet de tenir compte de la protection de la biodiversité dans la prise de décision, que ce soit à l’échelle d’un gouvernement, d’une organisation non gouvernementale (ONG) ou du secteur privé.

Ses usages

  • En conservation, elle facilite la prise de décision dans les mesures de protection des espèces ou pour identifier les aires et espèces prioritaires à conserver.
  • Les résultats de l'UICN sont une référence en recherche et orientent les travaux. En pointant certaines lacunes dans la connaissance de la biodiversité, la Liste rouge peut guider les futures recherches.
  • En politique, la Liste rouge est utilisée pour informer les décideurs des conséquences de leurs projets d’aménagement sur la biodiversité, notamment à travers des études d’impact. La Convention pour la Diversité Biologique (traité international visant à encourager des mesures durables) utilise par exemple ces données pour évaluer les décisions stratégiques des gouvernements et politiques.
  • La Liste Rouge participe à  l’éducation du grand public; ses résultats sont utilisés par les enseignants et les élèves dans les projets de classe, mais aussi par le réseau de parcs zoologiques et aquariums qui affichent les statuts de protection sur leurs supports pédagogiques.
  • En médecine, elle complète l’étude des espèces vectrices de maladies visant à prévenir et contrôler les épidémies.

Les catégories de la Liste Rouge

La liste rouge est constituée de catégories permettant de classer les espèces selon leur risque d’extinction grâce à des critères objectifs . Une fois classées, il est possible de comparer le nombre d’espèces qui sont menacées d’une région à l’autre afin de définir les zones de conservation prioritaires.

Pour certaines espèces, nous ne disposons pas de données suffisantes qui permettraient de définir un état de conservation. Cela ne veut pas dire que ces espèces ne sont pas menacées mais simplement qu’il n’est pas possible à l’heure actuelle de définir leur état.
 

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Les espèces menacées (CR, EN et VU) sont évaluées selon des critères précis et quantitatifs qui prennent en compte la démographie d’une espèce et son évolution au cours du temps. Pour chacun de ces critères, il existe des paliers qui correspondent aux différents statuts.
Prenons un exemple concret : en Martinique, le Grand Cachalot (Physeter macrocephalus) atteint le seuil En danger (EN) pour le critère D mais atteint le seuil Vulnérable (VU) pour le critère A. Le statut UICN du Grand Cachalot en Martinique est donc En Danger (EN) selon le critère D car on choisit toujours le statut le plus grave.

  • Critère A – Réduction majeure de la taille de la population
  • Critère B – Une répartition géographique restreinte et en déclin
  • Critère C – Une population petite et en déclin
  • Critère D – Une répartition géographique minuscule ou une population très petite (et pas normale)
  • Critère E – Une analyse quantitative (Analyse de Viabilité de Population) montre un risque élevé d’extinction

Il existe une Liste rouge mondiale des espèces. Le Comité français de l’UICN et l’UMS PatriNat (OFB, CNRS et MNHN) l’ont déclinée à l’échelle nationale mais aussi régionale.

La Liste rouge dans les Antilles

La France, de par ses paysages divers et ses territoires ultramarins, bénéficie d’une grande biodiversité parfois très fragile : elle fait partie des 10 pays avec le plus d’espèces menacées au monde. Dans les Antilles, le déclin des espèces est notamment causé par l’introduction d’espèces exotiques envahissantes, le braconnage, la pollution lumineuse liée à l’urbanisme, l’utilisation de substances toxiques comme la chlordécone, etc.
Dans les Petites Antilles, la Martinique et la Guadeloupe sont les seules îles à avoir une liste rouge régionale. Nous ne disposons pour l’instant pas de chiffres concernant l’état des populations sur les îles de Saint-Martin et de Saint-Barthélemy. 

Pourtant, toutes les régions françaises situées en Outre-Mer abritent une biodiversité exceptionnelle ; elles sont une priorité du Comité français de l’UICN qui a conçu le Programme Outre-mer pour répondre aux besoins des acteurs locaux parfois confrontés au manque de moyens humains et financiers.

Les cétacés et la Liste rouge

Parmi les groupes thématiques de la CSE, un Groupe Spécialiste des Cétacés (CSG) est fondé dans les années 1960.  Il est en charge de la liste rouge des cétacés du monde entier et de sa mise à jour régulière.
C’est un conseil d’experts répartis dans le monde entier qui identifie les menaces qui pèsent sur les cétacés. Il informe ensuite les gouvernements et ONG des mesures de conservation à prendre pour la sauvegarde et la protection des animaux. 

Dans les Antilles françaises, 2 espèces sont menacées : la baleine à bosse et le grand cachalot.

L'UICN

L’Union Internationale pour la Conservation de la Nature est le plus grand et le plus vieux réseau mondial pour l’environnement et la biodiversité. C’est un rassemblement d’organisations (gouvernements, institutions scientifiques, unions de peuples indigènes, ONG, etc.). L’UICN est composée de scientifiques volontaires et experts dans des domaines très variés et venant du monde entier, et se charge de prendre les grandes décisions sur l’Environnement et la Conservation de la Nature. C'est la seule organisation environnementale à jouir du statut d’observateur auprès de l’Assemblée générale des Nations Unies, ce qui lui permet de communiquer les perspectives de ses membres en matière de politiques au plus haut niveau international de la diplomatie.

Ses actions

Les experts bénévoles de l’UICN sont organisés en 6 commissions qui s’occupent de problématiques générales, comme la gestion des écosystèmes ou les politiques environnementales, économiques et sociales.
Parmi elles, la Commission pour la Survie des Espèces rassemble des experts en espèces animales et végétales organisés en groupes de travail thématiques (groupe spécialiste des cétacés, des requins, des tortues marines, des espèces invasives, etc.) L’objectif de cette commission est de regrouper un maximum de connaissances sur les espèces afin d’évaluer leur statut de conservation. Cette évaluation se fait grâce à la Liste Rouge et permet de proposer des outils de conservation pertinents pour prévenir l’extinction des espèces.