Campagne d'observation du Sanctuaire Agoa dans les îles du sud

Après le départ du premier catamaran dans le Nord des petites Antilles, un second navire a quitté son mouillage de Saint-Anne mardi 13 avril pour débuter la partie plus au sud de la campagne d'observation scientifique. Voici les communications envoyées depuis le bateau par les agents du Sanctuaire embarqués.
Le Marin - Saint-Pierre
13/04 - Jessica
Après notre première nuit à bord, l'aube s'allume, voilée par une légère brume de sable. Il est 5h du matin, l'équipage se prépare au départ de Sainte-Anne. Cap vers Sainte-Lucie pour trouver notre premier point de suivi. Dans le ciel, une peinture impressionnante de dessine. C'est le panache du volcan de Saint-Vincent. Nous sommes tous impressionnés par cette vision, nous pensons à l'île voisine sous ce nuage de cendres. Nous débutons les transects. Au cours de la navigation, nous rencontrons beaucoup de sargasses, déchets flottants, un frigo, quelques bateaux. Les oiseaux sont les seuls à venir à notre rencontre. Les fous dansent autour de nous, ils pêchent et nous animent. Sternes, mouettes, océanites, paille-en-queues... Sous un soleil couchant timide embrumé, nous poursuivons la route vers le Carbet, sans avoir vu de mammifères marins, mais les protocoles sont rodés, nous sommes prêts pour demain !
Profusion d'observations
14/04 - Jérôme
La journée démarre sous de très bons hospices avec les premières observations de dauphins et de globicéphales sous le regard imposant de la Pelée.
La météo est très bonne, avec très peu de vent. Après quelques souffles au loin, nous croisons un groupe de dauphins de Fraser puis une groupe de péponocéphales et enfin 3 baleines à bosse dans un canal de la Dominique extrêmement calme.
Pour terminer en beauté, un cachalot nain fera surface près de notre bateau à la dérive à la tombée du jour.
Un air de changement
15/04 - Jérôme
Après une nuit au large pour rejoindre le sud de la Guadeloupe, nous commençons les transects aux premières lueurs du jour. Quelques dauphins tachetés pantropicaux viennent rapidement surfer notre lame d'étrave pendant quelques minutes. Notre surveillance n'est ensuite troublée que par les oiseaux (fous, sternes et autres pailles-en-queue) et les sargasses. Au fil de la journée, le vent et la mer se lèvent.
Nous atteignons l'archipel des Saintes à la nuit tombée pour nous mettre à l'abri au mouillage. Le moteur bâbord fume anormalement, notre skippeur devra examiner cela demain matin.
La chance a tourné
16/04 - Jérôme
Réveil splendide au pain de sucre. Une intervention rapide sur le système de refroidissement du moteur règle le problème de la veille. Notre consommation de carburant est plus élevée que prévue et nous devons réorganiser l'ordre de nos transects. Nous partons plein est vers le large, salués par un grand dauphin à la sortie de la baie.
Le vent et la houle sont annoncés en augmentation depuis hier, et cela se confirme heure après heure. Nous sommes contraints d'écourter les transects et même de mettre fin à l'observation. La mer est à plus de 5 Beaufort et certains creux dépassent 1,30m. Des conditions idéales pour la navigation, mais exécrables pour l'observation scientifique. Nous mettons le cap vers Rivière Sens. Le moteur fume de nouveau, et le désalinisateur ne fonctionne pas.
Les prévisions météo ne sont pas optimistes pour les prochains jours.
Game over
17/04 - Jérôme
Journée contrainte au mouillage à Rivière Sens. Nous en profitons pour saisir les données sur ordinateur et trier les photos pendant que le mécanicien examine le
moteur. Celui-ci est réparé mais reste fragile. Un nouveau point météo confirme les mauvaises conditions pour les dix jours à venir.
Devant ces incertitudes et afin de garantir la sécurité de l'équipage, nous décidons, à regret, de mettre fin à la mission et de rentrer en Martinique. Nous devrons trouver un créneau de 2 semaines dans les 2 prochains mois pour compléter les transects de Guadeloupe et de la côte au vent de Martinique.
Dernières tentatives
18/04 - Jérôme
Avant de mettre le cap vers la Martinique, l'équipe décide de profiter de l'abri de la côte sous le vent de Basse Terre pour parcourir quelques transects supplémentaires. Nous quittons le mouillage de Rivière Sens à 5h30 après un point acoustique qui ne révèle aucune présence de cétacés. Le vent et la houle se lèvent rapidement et nous empêchent de parcourir plus de la moitié du transect prévu. Le transect retour est plus calme mais seuls les oiseaux, les sargasses et quelques macrodéchets se signalent à notre attention.
Nous arrivons au mouillage à Deshaies en milieu d'après-midi, accueillis par l'apparition consolatrice (ou moqueuse ?) d'un grand dauphin. Nous tenterons un dernier transect demain matin avant d'amorcer le convoyage retour.
Fin des transects
19/04 - Chloé
Il est 6h du matin et nous entamons le dernier transect avant le retour en Martinique. Malgré une houle assez importante, le temps est plus clément qu’initialement prévu, ce qui nous permet finalement de réaliser le transect aller mais aussi une partie du retour. Toujours aucun cétacé en vue. En début d’après-midi, les conditions se dégradent et ne nous permettent plus d’observer correctement. Les prévisions météos pour les prochains jours sont très mauvaises, nous mettons donc un terme à la mission.
Parmi les équipes d’Aquasearch et du Sanctuaire Agoa, la déception est perceptible mais le moral reste bon.
Retour à terre
20/04 - Chloé
Il est 3h du matin, le pilote automatique du bateau vient de nous lâcher et les vents avoisinent les 25 nœuds. Nous naviguons toute la nuit pour rejoindre la Martinique en début de matinée.
La mission scientifique sur les iles du sud est donc avortée pour l’instant.