Un engin scientifique arpente les eaux antillaises

une collaboration entre des scientifiques américains et le Sanctuaire Agoa

05 octobre 2022

Depuis lundi 3 octobre, trois scientifiques américains sont accueillis dans les locaux du Sanctuaire Agoa dans le cadre d’une collaboration opportuniste. Nos scientifiques profitent du déploiement d’un glider américain dans les eaux des Antilles françaises pour y greffer un hydrophone et tester une méthode de récolte de données.

Travis Miles, Joe Gradone, et Doug Wilson, chercheurs américains de l’Université des îles Vierges Américaines et de Rutgers University dans le New Jersey, travaillent sur les paramètres de l’eau de l’océan. Ils effectuent une mission dans le Sud de l’arc Antillais dans le but d’étudier les transferts de chaleur des courants en provenance du Brésil et qui rentrent dans la Caraïbe. Cette mission leur permet également d’améliorer les modèles météorologiques de prédiction des cyclones, ces derniers nécessitant une température de l’eau précise pour monter en puissance. Pour mener à bien cette mission ils utilisent un planneur sous-marin, ou glider en anglais.

Le glider est un engin autonome commandé par satellite qui va effectuer des mesures dans la colonne d’eau sur son trajet. Il effectue des plongées programmées jusqu’à 1000 m de fond lors desquelles ses capteurs (oxygène, température, salinité) vont enregistrer les caractéristiques des masses d’eau selon la profondeur. A chaque remontée à la surface, le glider envoie les résultats de sa plongée à terre via les satellites. 

le glider américain

Préparation du glider à terre.

Etienne Jeannesson / Office français de la biodiversité

Préparation du glider à terre.

Etienne Jeannesson / Office français de la biodiversité

De par le monde, les gliders sont aussi utilisés pour étudier la chimie des océans ou encore les animaux qui les peuplent. Les équiper d’hydrophones permet d’entendre les animaux qui se trouvent sur le trajet de la mission : chants de baleines, clics de cachalots ou sifflements de dauphins. L’intérêt est alors d’obtenir des enregistrements de zones peu accessibles par les bateaux, au large, dans les profondeurs, tout en s’affranchissant des conditions de mer de la saison cyclonique. Ainsi, ce type de mission peut aider à améliorer les connaissances sur la distribution des cétacés à l’échelle de la Caraïbe.

l'hydrophone sur le glider

L'hydrophone posé sur le dos du glider de l'équipe américaine pour le Sanctuaire Agoa.

Amandine Escarguel / Office français de la biodiversité

L'hydrophone posé sur le dos du glider de l'équipe américaine pour le Sanctuaire Agoa.

Amandine Escarguel / Office français de la biodiversité

L’équipe américaine a donc accepté de fixer un hydrophone sur le dos du glider à la demande de l’équipe du Sanctuaire Agoa. Ce déploiement est une première pour la Caraïbe, et nous permettra de tester le potentiel de cette méthode dans nos eaux

Le glider « RU29 » a été déployé ce mercredi 5 octobre sur la côte Caraïbe de la Martinique. Acheminé en mer grâce aux moyens nautiques mis à disposition par le Parc naturel marin de Martinique, l’engin monté sur une rampe de lancement a été glissé dans l’océan.
Il va descendre par l’intérieur de l’arc Antillais jusqu’à atteindre les eaux de Grenade, puis revenir en Martinique dans environ 1 mois. Il sera ensuite relancé pour partir cette fois vers le nord de l’arc.
Alors que les informations des capteurs physiques sont envoyées par satellite en quasi-temps réel, il faudra attendre le retour du planneur pour extraire les enregistrements acoustiques et les analyser à la recherche des cétacés.

Mise à l'eau du glider

Le glider est glissé à l'eau sur sa rampe de lancement.

Etienne Jeannesson / Office français de la biodiversité

Le glider est glissé à l'eau sur sa rampe de lancement.

Etienne Jeannesson / Office français de la biodiversité

Pour suivre RU29 en temps réel lors de son parcours, cliquez sur ce lien et sélectionnez « ru29 »  dans le panneau de gauche

La présence des scientifiques américains pendant une semaine a permis de nombreuses discussions sur la coopération scientifique dans la Caraïbe, et l’utilité des gliders pour différentes études, les mammifères marins bien sûr, mais aussi la qualité de l’eau, les courants, etc. Nous espérons que ces contacts fructueux vont se poursuivre dans le futur.

Que faire si je croise le glider ?

  • Si vous croisez le glider dans l’eau, laissez-le, il effectue de courts temps en surface pour envoyer ses informations et recevoir des commandes. 
  • Si vous trouvez le glider échoué ou enchevêtré dans un filet, contactez le numéro inscrit dessus.
zoom sur le glider

Les contacts en cas d'échouage sont affichés sur l'engin.

Etienne Jeannesson / Office français de la biodiversité

Les contacts en cas d'échouage sont affichés sur l'engin.

Etienne Jeannesson / Office français de la biodiversité